Trouble in my mind
Il y a quelques morceaux qui me font fondre en larmes… la liste serait longue, mais elle vient de se réveiller.
Goin’ Home est un spiritual, adapté de la symphonie du nouveau monde de Dvorak
Prenez par exemple, cette version « Goin’ Home » d’ Albert Ayler, un truc incandescent « one day everything would be as it should be ». A braire, loin de l’Hudson…
Puis il y en a une autre, celle d’un gars de Pittsburgh qui a déchiré le « Goin’ Home », il s’agit d’ Horace Parlan . Il vient de s’éteindre à 86 ans, à Korsor au Danemark, seul, en maison de retraite.
Horace Parlan
Malgré deux doigts de la main droite rendus inutilisables par la polio, Horace fut un fantastique pianiste de jazz. Compensant d’une certaine manière sur la droite, renforçant sur la gauche, tel un boxeur, il a appris le piano presque comme une thérapie pour réveiller une partie de son corps.
A peine arrivé à New York, il intègre l’ensemble du moins qu’un chien Charlie Mingus. Puis il jouera avec beaucoup d’autres, puis en solo pour Blue Note. il aura toujours cette teinte pleine de Blues & Soul.
Au début des 70’s, épuisé et rincé, suivant les traces des grands Ben et Dexter, il rejoint la Scandinavie pour y vivre, travailler et aimer. Il est hébergé par le label Danois Steeplechase. Pour ce label, aura lieu la rencontre de deux styles a priori incompatibles, le sien et celui d’Archie Shepp qui vont merveilleusement entrer en symbiose, pour ces reprises de Gospel/spirtuals enregistrées au Sweet Silence Studio de Copenhague.
Ce disque est un heartbreaker.
Au milieu des 90’s, en plein Pas de Calais (sic), j’étais excité comme une puce à voir les deux lascars sur scène, comme un gamin. D’abord, ce géant d’Archie intense, intérieur était impressionnant, je bouillonnais sur mon siège. Horace était affable, partageur presque rieur à côté. Le jour et la nuit rassemblés pour inonder le public d’émotions vives.
Ils se sont mis à jouer des titres de Goin’ Home et de Trouble in my mind. Là ma bouche fut grande ouverte, j’ai lévité sur mon siège, je pleurais sans larmes. Ne sentant plus mon corps, il ne me restait que mes frissons et la joie de fermer ma gueule.
Horace était le complément parfait d’Archie, un contrepoint plein de grâce
Je ne t’oublierai jamais Horace