… avaient aussi le sens du groove ?
Les vrais savent qu’il y un avant et un après la sauce Lemmens, les vrais savent aussi le rôle qu’a joué la Belgique dans le jazz, la chanson française ou encore la techno. Mais peu savent que la Belgique a aussi été l’antre du groove, le label Sdban est là pour nous le rappeler.
A la tête du label, Stefaan Vandenberghe, plus connu sous le nom de LektroLuv, est un grand collectionneur de disques. Il réalise un travail éditorial remarquable avec les compilations « Funky Chicken » et « Funky Chimes ». En effet, il nous rappelle une période étonnante où la Belgique était à la pointe du groove.
Avant ce fantastique travail d’excavation et de mise en lumière, ma modeste connaissance du groove à la belge se limitait au terrible S.S.O avec sa ligne de basse, chère aux diggers, sur « Faded Lady » :
ou encore à autre fameuse ligne de basse du tube « A.I.E (A Mwana) » de Black Blood :
https://youtu.be/wR9-Z5kfCDk
FUNKY CHIMES
La dernière compilation « Funky Chimes » vient nous révéler d’autres pépites. Notamment celle au titre éponyme de Francis Coppieters. Ce dernier, originaire d’Etterbeek, était un pianiste de jazz, compositeur et arrangeur. Sa carrière s’est principalement déroulée en Allemagne. Il livre ici une superbe composition, à la manière d’un Don Sebesky ou d’un Dave Hamilton :
je vous laisse foncer sur cette merveille et vous laisser surprendre… tout simplement hallucinant, vous savez maintenant ce que vous allez demander au Père Noel…
Ne ratez pas également les productions récentes de Sdban avec Black Flower ou encore STUFF.
Foncez, Thanks, God, It’s Friday !
LES KLUGER : A FAMILY AFFAIR
Il y a une famille belge en filigrane de tous ces titres, les Kluger. Ils avaient du nez, un goût pour la musique et un sacré sens du business. Un vraie saga romanesque riche en anecdotes, mes poussins.
Tout a commencé avec Jacques. Né en 1912 à Anvers, fils d’un tailleur de diamants polonais de Cracovie, il s’apprêtait à marcher dans les pas de son père. Mais féru de musique, son destin allait être tout autre. A 18 ans, fan du Duke et de Cab, il fonde son 1er orchestre de jazz. S’en suivront quelques 78tours, une 1ère partie d’un jeune chanteur, Charles Trenet, en 1936…
Il fuit vers la zone Libre, mais passe quelques jours en prison pour avoir écouté la BBC en douce. Son frère Johnny fut incarcéré à Drancy, avant de s’en échapper. Ils s’arrêtent en Ardèche jusque juin 44.
Ils finissent par rejoindre Anvers à la libération, pour y fonder un label « Victory » et un club du même nom. Il devient éditeur et producteur faisant tourner des groupes américains et poussant les 1ères stars flamandes. Il multiplie les allers-retours avec les States, et signe de nombreux accords avec les labels de l’autre côté de l’Atlantique. Il devient le représentant du label Mercury. Il multiplie les hits de part et d’autre de l’océan.
Pour la petite histoire, c’est Jacques qui a présenté le jeune Brel à Rudi Revil. Il multiplie les labels et les coups. A la fin des années 50, son 1er fils Jean rejoint l’entreprise puis le 2nd fils Roland monte à bord.
Jean, né en 1937 à Anvers, est lui aussi un compositeur, un éditeur et un producteur. Avec Daniel Vangarde, on lui doit Ottawan, « Cuba » des Gibson Brothers, Black Blood (cité plus haut) et tous les hits de la compagnie créole. Et oui !
Roland, né 1942, sera lui aussi éditeur et producteur. C’est lui qui signe pour le Bénelux tous les gros deals (Beatles, Abba, Dylan…). il fonde en à la fin de 60’s son label RKM. S.S.O (cité plus haut), André Brasseur, Telex et bien d’autres, c’est lui. « cà plane pour moi » de Plastic Bertrand c’est donc lui aussi. Qui chante sur ce titre restera une aventure rocambolesque.
Enfin pour la petite histoire, du tube à l’autocuiseur multi-fonctions, il n’y a qu’un pas…c’est lui qui importe avec Pierre Bellemare le télé-achat en Europe…