Daniel Emilfork a marqué ma jeunesse au fer blanc.
A 10 ans, sa tête oblongue m’a déglingué d’emblée mais ajoutez à cette beauté intrigante une voix, un phrasé lunaires vous renforcez cette fascination.
Emilfork était un cerveau au service du marginal. Une curiosité venue du Chili. Le couffin de l’orphelin qu’on abandonne sur le pas-de-porte avant de sonner et de filer incognito.
Il était en réalité une véritable aubaine pour la France.
Sa gestuelle mi-pygargue mi croque-mort donnait vie à l’imprévisible avec distinction et classe.
Daniel Emilfork a été sous-employé à mon goût. Trop grand, trop différent, incompris.
Les critères requis pour les premiers rôles d’époque favorisaient les belles gueules, plus aptes à faire chavirer la gente féminine. Fatalitas comme dirait Chéri-Bibi, feuilleton dans lequel Daniel » Les Ratiches » excellait.
Pourtant Don Emilfork fréquenta les plus grands réalisateurs : Maley, Fellini, Polanski, Ustinov, Vadim entre autres.
En 95, Caro et Jeunet ne visèrent pas à côté en remettant notre avion sur le tarmac dans La Cité des Enfants Perdus, pas un premier rôle certes mais tellement bien habité.
Graphiquement ce film est un chef-d’oeuvre mais Daniel n’en est-il pas un à lui seul ?
Portant sa cigarette dans une élégante chorégraphie manuelle, un tango nicotiné aérien, il éclaboussait le public de sa signature infalsifiable.
En 2005, Emilfork disparaissait et laissait un vide dans la catégorie des « Gueules Venues d’Ailleurs » ponctuant une carrière fabuleuse.de son génial :
» je rêve de me réveiller mort. «
Bonne nuit Mr Daniel.
Vise juste ll