southern Rock Addict
Au grand dam de mes amis, j’adore le Southern Rock, oui, le Rock Sudiste… mais qu’est ce que c’est que cette merde ? de la soupe ? du Hard FM ? de la country du pauvre ? En plus, tous ces ploucs sont des alcoolos, misogynes, et racistes. Mouais…
Du coup, j’aime les inviter à l’apéro. Faut prévoir large avec ces saligauds, un groupe de rock sudiste c’est vite 8 à 12 bonhommes, sans compter ces opportunistes de roadies, tous portés sur la bière fraîche, avec du Whisky en pousse-bière. Je reconnais volontiers qu’ils ont des manières de garçons vachers, pas du genre à essuyer leurs bottes crottées avant de rentrer. Ils me salopent le tapis du salon à chaque fois. Robert Lee et ses potes débarquent dans ton coin à tendance scandinave.
ça sent un peu l’étable, c’est vrai, le cheveu est long, gras, le rire l’est tout autant, mais les chansons sont à tomber, une fois qu’ils ont décidé de s’y mettre. Je vous ai préparé une petite sélection, qui vous fera peut-être changer d’avis. Ils peuvent porter fièrement le chapeau et le drapeau confédérés pour faire chier tout le monde, ces gars-là t’emmènent loin dans les paysages sudistes. D’ailleurs, la géographie du rock sudiste n’a jamais été clairement définie, ce rock n’a pas de frontières, il n’existe peut-être pas vraiment, tant les influences et les styles sont multiples, de la Floride au frontières du Texas. Merci aux godfathers du genre, les Allman Brothers, aidés par les Walden Brothers.
THE MARSHALL TUCKER BAND
Commençons avec mes préférés, ce groupe de Caroline du Sud a démarré en 1972. Les pochettes presque naïves sur Capricorn Records renvoient à de longues ballades à cheval, lonesome cowboy, en diligence, voire en cavalier de l’apocalypse, puis ils ont fini par prendre le train, comme tout le monde.
En 1977, sort « Carolina Dreams » qui cartonne dans les charts. A l’image de « Can’t you see », la chanson « I should have never started lovin’ you » réunit tous les ingrédients de la recette magique du groupe, The Marshall Tucker Band : longues envolées au sax ou à la flûte, des guitares hypnotiques, pour mettre en avant une voix à la limite de la rupture, comme pour mieux chanter l’amour déçu. Un titre indispensable :
Barefoot Jerry
Là, avec leurs pochettes, on frise l’art brut. Côté musique, Barefoot Jerry, est un groupe de Nashville fondé par deux brillants musiciens de studio, Mac Gayden et Wayne Moss (faits d’armes : la guitare sur « Pretty Woman » ou encore sur le « I Want you » du jeune prix Nobel de littérature, c’est Wayne), un groupe qui n’a jamais su choisir entre rock, country, folk et même rock progressif. Le résultat très southern est un plat aigre doux, d’un charme inoui, intact.
Des oubliés du rock à qui l’ont doit ce magnifique « Mother Nature’s way of saying High », de la country progressive (sic), vous n’en rêviez pas et pourtant c’est là, en 1974 sur le label Monument :
BLACK OAK ARKANSAS
Un autre groupe, Black Oak Arkansas, qui révèle la grande variété de l’espèce sudiste, de Memphis avec Stax à L.A avec ATCO, puis bientôt MCA records et enfin Capricorn Records, ces gars-là ont fait de la route. Le chanteur Jim « Dandy » Mangrum est un peu le précurseur du personnage Axl Rose, sexué, débauché, mais avec une voix entêtante malgré son côté rugueux.
Un an avant de laisser de côté Arkansas dans leur nom, le groupe livre un dernier album avec la formation de départ en 1976. J’ai retenu le très funky « Fistful of Love », où la voix tantôt bloquée dans la gorge, tantôt en retenue d’écho, fait mouche avec la très coquine Ruby Starr :
ATLANTA RHYTHM SECTION
Eux aussi, excellents musiciens de studio à la base, Atlanta Rhythm Section, mais originaires de Géorgie, ils ont décidé de se mettre à leur compte un bon matin.
Leur 6ème album sort en 1976 sur Polydor, « A rock and Roll Alternative », un programme ambitieux, funky à souhait pour une sacrée section, sur lequel figure le hit « So into You », je vous recommande chaudement l’album entier :
Point Blank
Point final de cette sélection, des Texans, donc plus rock, Point Blank est arrivé en 1974.
Mon album préféré reste le 2nd, « Second Season », sorti en 1977 sur Arista. Le morceau « Waiting for a change » clôture le disque, idéal pour rentrer en pickup à la maison, après une chaude journée :
J’espère que tout cela aura changé votre vision du Southern Rock, précisons que le genre semble mortifère, car la plupart des line up de ces groupes n’existent plus, beaucoup sont morts plutôt jeunes.
NB : tu as oublié Leh-nerd Skin-herd ? Non, Free Bird, j’y reviendrai pour une suite de « en avoir ou pas »