L’important c’est d’y croire
Dans les métiers ingrats, celui de choriste est plutôt bien placé dans la liste. Tu donnes tout ce que tu as à un autre, tu magnifies, tu éclaires, tu transfigures et tu en récupères des clopinettes. Je ne saurai que trop vous conseiller de regarder le docu 20 Feet from Stardom.
Cette série est dédiée aux oubliées, aux non créditées, aux mal payées, à ces travailleuses de l’ombre que sont les choristes.
Clare Torry
Dans les studios Abbey Road, l’ingénieur du son Alan Parsons est en plein boulot. Pour cause, il enregistre le mythique et huitième album des Pink Floyd « Dark side of the Moon ». Rick, Richard Wright, a finalisé deux sublimes mélodies au piano, l’une pour « Us and Them », l’autre pour « The great Gig in the Sky ».
Sur ce dernier morceau, ils butent, il manque quelque chose, une voix, mais sans trop savoir quelle direction lui donner. Parsons propose une session singer, Clare Torry, sans grand engouement de la part des 4 musiciens. Pas vraiment la tête de l’emploi, selon Gilmour, ils pensent à des lamentations voire des cris orgasmiques pour l’instant. Rendez-vous est pris avec elle une dimanche soir vers 19h.
Elle lance quelques background vocals classiques, mais ils veulent autre chose… Pense à la mort, improvise. Plus facile à dire qu’à faire, mon cher David… Mais si, chante comme un instrument ! Put the red light on, elle se lance, après plusieurs prises, elle s’avoue vaincue, elle ne peut improviser plus. Remerciée sans plus de mots, elle quitte le studio, pensant que ces prises ne seraient pas retenues. Quelques dizaines de livres de cachet en retour.
Dans les 80’s et 90’s, elle partagera la route avec Waters et Gilmour (culpabilité ?). Vu le fort succès de l’album et le peu de retour accordé pour sa prestation, elle fit un procès à EMI et aux Floyd au début de ce siècle, elle le gagna, elle est désormais créditée comme Richard Wright sur le morceau, juste retour des choses.
DORIS troy
Pour les amateurs, l’immense chanteuse de soul, Doris Troy, fait aussi partie des choeurs, on lui doit ces poussées frénétiques en mode grand huit qui te fouttent la chair de poule sur « Brain Damage » (le rire de dingue, c’est Peter Watts, road manager et père de Naomi Watts) et « Eclipse ».
Cet album n’aura jamais été le même sans ces deux voix, grâce leur soit rendue