sucre brun

Perfecting Sound Forever, une histoire de la musique enregistrée, par Greg Milner

C’est l’un des livres les plus fascinants sur la musique que je viens de refermer. Je l’ai littéralement dévoré.

La phrase en 4ème de Couv’ résume parfaitement l’effet de ce livre :

« Très, très, très peu de livres changeront votre façon d’écouter la musique. Celui-ci est l’un d’eux. » Jarvis Cocker

Greg Milner a signé plus qu’une pépite, il livre une histoire de la captation de la musique et de ceux qui y ont contribué, à la manière d’un roman qui vous enivre. Loin de l’ouvrage technique (juste un peu), j’ai été littéralement transporté dans le son, j’y ai découvert des trésors, des raisons, du sens. Cela m’a conforté dans ce que j’entends ou dans ce que je n’entends plus (vieux con). Plutôt que de résumer l’histoire, voici quelques lignes qui vous donneront envie, je l’espère :

• Des obsessions de Thomas Edison et du rôle des ses dents
• Les liens complexes entre Les Lomax et Lead Belly
• Du magnétophon nazi à Ampex
• La folie douce du chef Stokowski
• La guerre de la vitesse : 45t ou 33t
• Des manipulations abracadabrantes des studios et de leurs ingénieurs
• Le lancement du CD et de sa conférence de presse
• Le ridicule tue aussi chez les audiophiles
• Les envolées savoureuses de Steve Albini
• Le son Sub Pop pour les nuls
• De la guerre du Volume
• La Pro Toolisation (plus intéressant que l’uberisation)
• …

Son récit d’une écoute de la platine vinyle Caliburn à 90 000$ est presque érotique, la gravure d’un vieux cylindre est émouvante, les tests en aveugle au CRC sont bien déroutants. Modestement, on cherche toujours à améliorer son son, à s’en rendre fou, quitte à oublier l’essentiel dans la branlette mentale. L’outro du livre est un épilogue magistral, qui donne envie de se pencher sur disques, d’améliorer leur présence sans cesse, de prendre encore et toujours plus du plaisir…

Foncez

« La haute-fidélité existe à peine de nos jours, non pas tant que les enregistrements n’essaient plus de témoigner de la réalité que parce que l’éthique fondamentale qui gouverne la musique enregistrée a été renversée. La présence suppose de tout capturer. Aujourd’hui, on essaye de capturer aussi peu que possible, tout en encourageant l’illusion d’un tout. Nous ne voulons pas tout. Nous en voulons suffisamment. »

Greg Milner